Conférence 2019
La traditionnelle conférence de sortie d’hiver avait pour thème les églises fortifiées. Devant une assistance éparse mais attentive notre conférencier « le chevalier Dauphinois » (dont nous tairons le nom) nous a brillamment exposé le sujet, avec talent, humour et beaucoup d’illustrations. Nous tenons à le remercier pour le lourd travail de préparation et sa captivante présentation.
Au travers des lignes qui suivent, nous reprenons assez succinctement ses propos en espérant ne pas en trahir le contenu. Pour plus de détails nous vous conseillons de consulter son site dédié :
http://chateau.over-blog.net/article-liste-des-eglises-fortifiees-en-france-37714766.html
Définition
Une église fortifiée est un « édifice cultuel pourvu d’organes de défense active caractéristiques, généralement parfaitement identifiables par référence à la typologie des appareils militaires ».
Ces églises doivent avoir des fortifications indépendantes de celles d’une ville (enceinte) ou d’un château-fort. En gros, on voit que ce sont des églises et pas des châteaux forts.
Pourquoi des églises fortifiées ?
Chaque passage de troupes amenait son lot de pillages, larcins, viol et autres rapines. La population se réfugiait alors dans un fort, une ville fortifiée, une grotte... Les paroisses éloignées des quelques routes carrossables se trouvaient pratiquement hors d’atteinte des armées en campagne car les chemins de campagne étaient impraticables pour l’artillerie lourde. Par contre, elles étaient continuellement en butte aux entreprises de pillages. Surtout en campagne profonde quand il n’y a pas de château pour assurer la sécurité des gens, la population se réfugiait dans les constructions solides, proches : les églises. Leur fortification assura un gain de sérénité.
Comment fortifier ?
Les églises développèrent des systèmes défensifs sous forme diverses : clocher avec mâchicoulis, meurtrière ou archère, bretèche sur portail, salle commune au-dessus de la Nef avec accès par échelle ou escalier en colimaçon (salle-refuge)...
Eglise de Chambon (Charente) avec sa salle refuge :
L’adjonction de parapet crénelé ou le crénelage sur les édifices religieux avait plus une fonction symbolique que militaire. Elle manifestait ainsi la puissance ostentatoire du seigneur de la région à travers une architecture religieuse qui rappelait le modèle de son château-fort et donc rendait ses sujets redevables.
La population bénéficiait en fait de la protection par le droit d’asile dans les églises même non fortifiées. Cette fortification avait toutefois un rôle mineur en cas d’invasion et de guerre (l’armée qui ne respecte pas ce droit d’asile étant suffisamment équipée pour s’emparer rapidement de l’édifice). Elle n’a une fonction dissuasive que contre les problèmes courants d’insécurité (bandes pillant et vivant de rapines, peu équipées pour un siège).
Quand ces églises furent elles édifiées ou modifiées ?
Pendant la période du Moyen Âge, les églises ont vu leur architecture adaptée aux désordres sociaux et politiques de l’époque.
On peut citer plusieurs périodes d’édification en fonction des conflits et invasions aux abords des zones « frontières » :
- Durant la guerre de 100 ans (1337-1453), la Guyenne étant anglaise, autour des Landes et du Périgord en parallèle de l’édification des Bastides.
- Pour se protéger de l’invasion des Sarrasins dans le Sud Est, XIIIe siècle.
- Plus tard durant la paix de 30 ans, les routiers ou mercenaires inoccupés cherchant la bagarre, en Thiérache principalement, virent le renforcement des édifices religieux.
- La guerre de 30 ans (1618-1648) sous Louis XIII et Richelieu, toujours dans le Nord Est.
En conséquence : où se trouvent la plupart des églises fortifiées ?
De nombreux exemples existent dans le sud-ouest (régions Midi-Pyrénées, Périgord et Poitou-Charentes).
Eglise de Beaumont en Périgord
Mais c’est sans doute en Picardie, et plus précisément en Thiérache, que le terme « église fortifiée » prend toute sa spécificité. Exemple : église d’Archon entre Laon et Charleville Mézières :
On notera qu’à la même époque, dans la même région-frontière, dans l’Amiénois, les villageois se réfugiaient non en hauteur comme en Thiérache, mais sous terre, dans des souterrains-refuges (appelés localement « muches »), creusés à partir de l’église - comme à Domqueur - ou d’un moulin - comme à Naours. Muche de Domqueur