Au Moyen-âge, le jardin est un espace clos, d'abord utilitaire où l'on fait pousser les fruits et les légumes, les plantes médicinales (jardin de simples) et les plantes utilitaires.
Jusqu'à la période Carolingienne, le jardin n'est qu'un simple courtil. Dans cet hortulus (petit jardin) étaient réunies toutes les plantes cultivées pour l'alimentation, les soins ou l'ornement. Les abbayes opulentes démultiplieront ces espaces pour les spécialiser.
Les jardins du peuple ont pour but essentiel de permettre la vie en autarcie. C’est également le cas pour les jardins de monastères dans lesquels le jardinage, outre son côté utilitaire, est aussi considéré comme bénéfique à la méditation.
Après les périodes de guerres et d’invasions les jardins de châteaux et de riches bourgeois deviennent des lieux de plaisirs, des jardins d’agrément dans lesquels on reçoit, on s’amuse. Au début, simples « préaux » (ou « prés hauts ») constitué d’herbe des champs découpée et transplantée dans le jardin à l'intérieur des murs, ces jardins s’enrichissent petit à petit d’allées dallées et ombragées de tonnelles, de banquettes de gazon. Certains seigneurs, tel René d’Anjou au début du XVe siècle, créèrent même de véritables parcs d’attraction avec ménagerie, labyrinthes, bassins et piscines.
Nés des forêts, des marais, ou encore des landes, ces jardins sur lesquels planent toutes sortes de menaces (animaux sauvages, animaux domestiques, maraudeurs, envahisseurs) se devaient d'être bien protégés : c'est l'hortus conclusus, le jardin clos de toute l'histoire médiévale.
Le jardin médiéval évolue selon une double symbolique, religieuse et profane : la nostalgie du paradis perdu et la quête de l'être aimé. Isolé du monde sauvage, le jardin est aménagé pour répondre au monde chrétien avide de symbole. Pas de notion de perspective dans ces jardins en relation verticale avec le ciel grand ouvert.
La forme en croix, que l’on retrouve notamment dans les jardins de cloîtres, est symbolique du jardin du Paradis. Les quatre allées figurent les quatre fleuves de l'Éden dans le jardin de la Genèse : le Pishôn, le Guilhôn, le Tigre et l'Euphrate.
L’Eau, symbole de la source de la vie et synonyme de pureté, y est toujours présente sous formes de fontaines à quatre bouches ou de bassins.
C'est Albert le Grand (1193-1280) qui préconisa la disposition en carrés des parterres consacrés aux simples, aux plantes alimentaires et aux fleurs odoriférantes. Les carrés (ou parfois les rectangles) sont surélevés et délimités par des bordures de planches, des pierres ou des tressages appelés plessis.
Ces damiers facilitent le drainage et l’irrigation. La terre s’y réchauffe beaucoup plus vite au printemps ce qui favorise la croissance des plantes et leur précocité.
La largeur de chaque carré doit permettre de travailler tout autour sans y poser le pied. On calcule la moitié de la largeur en rapport avec la longueur moyenne d'un bras, soit une largeur de deux coudées. Cette pratique fut probablement inspirée par Columelle, qui précise qu'ainsi, celui qui désherbe ne sera pas forcé de marcher sur les jeunes pousses, mais pourra avancer dans les allées et désherber une moitié des carrés depuis l'allée, puis l'autre.