Imprimer

1044, GUIGUES I

Guigues I, dit le Vieux, fut le premier Comte d’Albon qui posséda quelques terres dans le Graisivaudan ce qui arriva vers l’an 1044. " Jusque là, l’Evêque de Grenoble jouissait paisiblement en francaleu (franc-alleu) de tout le territoire de son Evêché," dit Saint Hugues, lui-même Evêque de Grenoble. Guigues après voir fondé le prieuré de Saint Robert à Cornillon près de Grenoble embrassa lui-même la vie religieuse à Cluny vers l’an 1063 au plus tôt ; l’on a un acte de lui de cette année par lequel il fait en qualité de comte d’Albon, certaines donations à l’église d’Oux. On met sa mort vers l’an 1075.

1063, au plus tôt, GUIGUES II

Guigues II, dit Le Gras, fils et successeur de Guigues I, mourut l’an 1080, laissant un fils du même nom que lui.

1080, ou environ, GUIGUES III

Guigues III, est confondu mal à propos par Chorier, Duchène et Baluze avec Guigues II, son père, auquel il succéda. Il eut plusieurs démêlés avec Saint Hugues, Evêque de Grenoble auquel il céda les Eglises et les dîmes qu’il pouvait avoir dans le Graisivaudan. Il épousa Mathilde ou Maisinde que l’on suppose être sortie d’une maison royale, sur ce qu’elle est qualifiée de reine (Regina) dans quelques titres. De ce mariage naquit Guigues IV qui suit ; on ignore l’année de la mort de son père.

GUIGUES IV DAUPHIN

Guigues IV est surnommé Dauphin dans un acte passé vers l’an 1140 entre lui et Hugues II, Evêque de Grenoble. Ce surnom plut tellement à ses successeurs qu’ils l’ajouteront à leur nom et s’en firent un titre qui s’est conservé parmi leurs descendants.

Guigues Dauphin se rendit illustre dans la profession des armes. Il eut de fréquentes guerres avec les Comtes de Savoie et fut blessé dans un combat près de Montélimar. Il mourut de sa blessure, les uns disent en 1142 d’autres, avec plus de fondement, en 1149. Il avait épousé Marguerite, fille d’Etienne, Comte ou plutôt, Administrateur du comté de Bourgogne de laquelle il eut Guigues qui suit et Marchise femme de Robert III, Comte d’Auvergne.

1149, GUIGUES V

Guigue V succéda en bas âge à Guigues Dauphin son père, sous la tutelle de Marguerite sa mère. Parvenu à un âge plus avancé, il se rendit à la cour de l’Empereur Frédéric qui le fit Chevalier de sa propre main et lui donna Beatrix de Monterrat, sa parente, en mariage. A ces marques d’honneur, Frédéric ajouta le don d’une mine d’argent qui était à Rame dans le Briançonnais avec pouvoir de faire battre monnaie. Guigues fut le premier de sa race qui prit le titre de Comte de Viennois en vertu de la cession que lui fit Berthold IV, duc de Zeringen, de tous les droits que ses ancêtres avaient possédés dans la ville de Vienne par acte passé l’an 1155, en présence de l’Empereur Frédéric I.

Guigues mourut au château de Vizille en 1162, laissant encore à sa mère la régence du Dauphiné, avec le soin d’élever une fille unique Béatrix qu’il avait eue de son mariage.

1162, BEATRIX et HUGUES

Béatix, fille unique de Guigues V, lui succéda sous la tutelle de Marguerite son aïeule, qui mourut l’an 1163. Cette jeune Dauphine épousa :

  1. Albéric Taillefer, fils de Raymond V, comte de Toulouse pendant la jeunesse duquel Alphonse son oncle administra le Dauphiné ;
  2. Albéric étant mort sans lignée en 1180, Beatrix se remaria l’an 1184 à Hugues III, duc de Bourgogne ;
  3. Ayant perdu ce deuxième mari l’an 1192, elle épousa en troisièmes noces, Hugues de Coligni, sire de Revermont, alliance qui est prouvée par un acte de ce seigneur et par une donation qu’il fit en 1202 (Valbonnais). Beatrix mourut en 1228 laissant de son deuxième mariage André qui suit, avec une fille nommée Mahaut et du troisième Marguerite, femme d’Amédée III, comte de Savoie.

1228, ANDRE ou GUIGUES VI

André qui prit le nom de Guigues VI, fils de Beatrix et de Hugues III, duc de Bourgogne succéda dans le Dauphiné à sa mère. Il épousa

  1. Suivant M. Expilii : Semnoresse fille de Aymar de Valentinois dont il n’eut point d’enfant.
  2. L’an 1202, Beatrix de Sabran de Castellar, dite de Claustral, petite fille de Guillaume V, comte de Forcalquier, d’Avignon d’Embrun et de GAP.

L’an 1210, il répudia cette deuxième épouse sous prétexte de parenté quoiqu’il eut une fille nommée Béatrix qui fut mariée :

  1. avec Amauri, fils aîné de Simon Comte de Montfort ;
  2. avec Demétrius de Montferrat.

Guigues-André se remaria pour la 3è fois à Béatrix de Montferrat dont il eut Guigues qui suit. Béatrix, sa fille, étant veuve de ses deux maris lui fit cession de tout ce qui lui appartenait du chef de sa mère pour cent mille tournois. L’an 1225, il acquit de Guillaume I, Dauphin d’Auvergne par acte du 9 octobre, les terres de Voreppe et de Varacieu. L’année suivante, il établit à Champagnier un chapitre de 13 chanoines qu’il transféra en 1227 à Saint André de Grenoble. Guigues-André mourut le 5 mars 1237. Ce prince se qualifiait parfois de Prince de Viennois.

1237, GUIGUES VII

Guigues VII, fils et successeur du dauphin Guigues-André, prit les titres de Dauphin de Viennois, de Comte d’Albon de Gap et d’Embrun. L’an 1243, il fit hommage de ses comtés de Vienne et l’an 1245, il reçut de l’Empereur Frédéric II comme roi d’Arles, l’investiture des comtés de Gap et d’Embrun.. Charles d’Anjou, fit, à cette occasion revivre ses prétentions sur ces deux comtés et fut sur le point d’en venir à une guerre ouverte avec le Dauphin. Les choses s’accommodèrent, l’an 1257, par un acte du 17 juillet qui assurait au comte de Provence l’hommage des domaines contestés. Mais ce traité fit naître un nouveau différent qu’éleva l’Archevêque d’Embrun, prétendant qu’il donnait atteinte à ses droits. Le pape se déclara en faveur du Prélat et l’affaire n’était point encore terminée en 1297. Guigues VII n’en vit point la décision étant mort sur la fin de 1269 .

De Béatrix, fille de Pierre, Comte de Savoie, qu’il avait épousée le 3 décembre 1241, il laissa Jean, qui suit, et Anne, qui succéda à son frère. Quelques auteurs l’appellent Guigues VIII, comptant Hugues de Bourgogne pour Guigues VI et Guigues-André pour le septième. Jusqu'à Guigues VII, les Dauphins de Viennois avaient toujours gardé les armes des Comtes d’Albon, qui étaient un château à trois tours crénelées de trois pièces. Guigues VII est le premier Dauphin de Viennois qui ait pris un Dauphin dans son sceau privé, ce qu’il paraît avoir imité des Dauphins d’Auvergne mais son grand sceau portait les armes d’Albon (Valbonnais, histoire du Dauphiné p.378).

1269, JEAN I

Jean I, fils du Dauphin Guigues VII, lui succéda en bas âge sous la tutelle de sa mère Béatrix qui fit hommage le 17 mars 1269 à Charles I, Comte de Provence et Roi de Sicile.

Robert II, Duc de Bourgogne, disputa la régence à cette princesse, et l’obtint par un accord qu’il fit avec elle le 18 janvier 1272. Béatrix se remaria l’année suivante à Gaston VII, Vicomte de Béarn. L’an 1281, le Dauphin meurt vers le mois d’octobre sans avoir consommé son mariage avec Bonne, fille d’Amédée V, Comte de Savoie. Il fut enterré chez les Chartreux de Meulans.

1281, ANNE et HUMBERT I

Anne, sœur aînée du Dauphin Jean, se mit en possession du Dauphiné après la mort de ce Prince. Elle était mariée depuis le 1er septembre 1273 à Humbert, baron de La Tour du Pin, fils d’Albert III dont le bisaïeul Géraud de la Tour vivait au commencement du XIIème siècle. Pour faciliter cette alliance, Gui Evêque de Clermont et Hugues, Sénéchal de Lyon, frère de Humbert, lui avaient cédé la plus grande partie des biens qui lui étaient échus en partage, et Alise, sa belle sœur, veuve d’Albert, son frère, par son testament, du mois de mai 1273, lui avait transmis tous les droits qui lui appartenaient dans la succession de son mari.

Humbert, avant son mariage, avait été Chanoine de Paris, Chantre de l’Eglise de Lyon et Doyen de celle de Vienne. Après la mort du Dauphin Jean, il prit le titre de Dauphin mais ce titre lui fut contesté par Robert II, Duc de Bourgogne, qui prétendait succéder au Dauphin Jean, comme plus proche héritier de la ligne masculine. Cette prétention occasionna divers combats assez sanglants et plusieurs sièges. Mais enfin le roi Philippe le Bel, s’étant rendu médiateur, engagea les parties à conclure à Paris le 25 janvier 1285 un accommodement par lequel Humbert demeura possesseur du Dauphiné au moyen de la cession qu’il fit à Robert des terres de Coligny et de Revermont.

Amédée V, Comte de Savoie qui avait pris le parti du Duc de Bourgogne dans cette querelle, en avait une autre avec le Dauphin touchant la Baronnie de la Tour et d’autres terres qu’il prétendait relever de lui. Le Comte attira dans son parti Louis, Baron de Vaud, son frère le Seigneur de Gex, et l’Abbé d’Ambournai avec lesquels il forma une ligue contre le Dauphin. Celui-ci de son côté se fortifia de l’alliance de l’Archevêque et du chapitre de Vienne, de l’Evêque de Valence, de Jean Chalon, Baron d’Arlai et du Comte Valentinois. Il y eut des courses réciproques sur les terres ennemies et des châteaux pris de part et d’autre. Les parties, après avoir fait divers compromis qui suspendirent les hostilités sans les terminer, s’accorderont enfin, au mois de juin 1293, par un traité qu’imagina la Dauphine Beatrix, belle mère de Humbert. Ce fut de substituer, pour l’hommage exigé par le comte, la Baronnie de Faucigni, faisant la dot de Beatrix, à celle de la Tour (Valbonnais, T I p. 237). Deux ans avant cet accommodement, l’Empereur Rodolf étant arrivé, l’an 1291, en Suisse, le Dauphin et plusieurs Prélats et Seigneurs du royaume de Bourgogne vinrent le trouver à Murat pour lui offrir leurs hommages. Humbert remporta de ce voyage l’avouerie de l’Abbaye de St Claude que Rodolf lui conféra pour la tenir comme Senechal du Royaume de Bourgogne, droit qu’il transmit à ses successeurs.

La Dauphine Anne et son époux voulant assurer leur succession à Jean, leur fils, lui avaient fait donation, le 9 décembre 1289, de leurs états en se réservant l’usufruit des revenus. Mais, comme les Comtés d’Embrun et de Gap avaient été démembrés de celui de Fortcalquier, la donation avait besoin d’être munie du consentement de Charles d’Anjou II, Comte de Provence. C’est ce qu’il accorda par lettres du 31 décembre 1293 dans un voyage qu’il fit à Nice (Valbonnais p.73). Le jeune Dauphin, en vertu de l’hommage qu’il avait fait au Comte de Provence, se croyait dispensé de toute subordination féodale envers l’Archevêque d’Embrun. Le Prélat ne l’entendait pas ainsi et prétendait que l’hommage rendu pour ce domaine au Comte de Provence ne préjudiciait pas à celui qu’il devait à son Eglise. Charles II appuya cette prétention, et, par ses lettres datées de Viterbe, le 14 février 1297, il manda au Dauphin père, que deux hommages soient rendus pour la même terre à deux différentes personnes n’étant point incompatibles, il eut à satisfaire avec son fils à ce que l’Archevêque d’Embrun exigeait de lui.

Les querelles et les hostilités s’étant renouvelées entre le Comte de Savoie et le Dauphin, ils convinrent après s’être fait réciproquement beaucoup de mal, de prendre pour arbitre Charles de Valois, frère du Roi de France, lorsqu’il passa dans leurs Etats, pour aller au secours du Roi de Naples son cousin. L’acte du compromis dressé dans une prairie près de Montmeillan est du 5 des nones de juillet 1301. Charles de Valois ordonna préalablement la cessation de toute hostilité ; mais il fut mal obéit, comme on le voit par ses lettres datées de Tournus, à son retour, le 22 janvier 1302 (V.S.) Des réflexions sérieuses que fit le Dauphin Humbert sur lui-même, le déterminèrent à se retirer, dans le mois de Septembre 1306, à la Chartreuse de Val Sainte-Marie au diocèse de Valence. Il mourut le 12 avril de l’année suivante.

D’Anne son épouse, décédée vers la fin de l’an 1296 et enterrée à la Chartreuse de Salètes qu’elle avait fondée il laissa Jean, qui suit ; Hugues de la Tour, Baron de Faucigni par le don que lui a fait Béatrix, son aïeule, en 1303 ; Gui de la Tour, baron de Montauban, que M. Dupuy d’après Villani, a mal à propos confondu avec Gui, Chevalier du Temple, qui fut brûlé le 18 mars 1314, à Paris ; Henri, dit le Viennois, élu évêque de Metz ; et cinq filles, Alix mariée l’an 1296 à Jean I, comte de Fores après avoir été promise au Comte de Savoie, Amédée V ; Marie alliée à Aimar, petit fils d’Aimar III, Comte de Valentinois, morte religieuse à Salètes vers 1355 ; Béatrix, femme de Hugues de Chalon, sire d’Alai, morte à Casselle le 10 juin 1347 ; Marguerite, mariée en 1302 à Frédéric, fils de Mainfroi, marquis de Saluces ; et Catherine, femme de Philippe de Savoie Prince d’Achaie (Valbonnais T1 p. 170).

Humbert I mit dans ses armes un Dauphin accoste de deux tours avec leur avant mur.

Ce fut sous le gouvernement d’Humbert I que fut érigé en Abbaye Chef d’Ordre le Prieuré de la Motte Saint Didier situé à quatre lieux de Romans, non loin de l’Isère et dépendant de l’abbaye de Montmajour près d’Arles. Un seigneur Viennois nommé Jocelin, ayant obtenu de l’empereur de Constantinople les reliques de Saint Antoine, dans un voyage qu’il fit en cette ville vers l’an 980, les déposa dans l’église de ce prieuré où elles attirèrent un concours prodigieux de peuple par les miracles qu’elles opérèrent sur les malades attaqués du feu sacré, appelé depuis le feu Saint Antoine. C’était un érésypèle contagieux qui faisait d’horribles ravages dans plusieurs provinces de France. Gaston, autre seigneur Viennois, ayant éprouvé la vertu de ces reliques dans la personne de son fils, fonda près du prieuré, un hôpital desservi par les religieux laïques, pour le soulagement des malades tourmentés de ce mal. Les hospitaliers s’étant multipliés et répandus en divers lieux, le Pape Boniface VIII en 1297, les tira de la dépendance de Montmajour et convertit le Prieuré en Abbaye de Chanoines Réguliers sous le titre de St Antoine à laquelle tous les hôpitaux du même institut furent soumis. L’abbaye resta comme le Prieuré l’était auparavant dans la mouvance du Dauphin ; et nous voyons qu’en 1327 Guigues VIII reçut à St Marcellin l’hommage solennel de Ponce-d’Alayrac Abbé de St Antoine (Valbonnais TI p. 175)

1302, JEAN II

Jean II, fils de Humbert et de Béatrix reçut, le 18 Avril après l’inhumation de son père, l’hommage des Seigneurs du Dauphiné qui avaient assisté à cette cérémonie. Il avait porté jusqu’alors le titre de Comte de Gapençois. Un moderne dit qu’il fit la Campagne de Flandres en 1302 pour le service du roi Philippe le Bel et qu’il reçut de ce Prince, outre une somme principale de dix mille livres pour les frais de la guerre, une rente annuelle sur le Temple à Paris qui fut augmentée d’une autre de deux mille livres par le roi Louis Hutin. Mais le Président de Valbonnais, qu’il cite en preuve, ne parle point de cette campagne et donne pour motif de ces gratifications les guerres que le Dauphin était obligé de soutenir contre les princes ses voisins, partisans des Anglais. De ce nombre était Amédée V, Comte de Savoie. Le Dauphin avait hérité de son père une guerre avec lui touchant leurs prétentions respectives sur la mouvance de différentes terres. Des arbitres réussirent enfin à leur faire conclure, le 10 juin 1314 un traité de paix qui fut suivi, le 17 octobre de la même année, d’un traité d’alliance entre eux pour la défense du Royaume d’Arles contre ceux qui voudraient l’envahir ou l’entamer. (Valbonnais p. 156 et 157).

Le Dauphin était fort alors par l’acquisition qu’il avait faite de la suzeraineté du château de Villars au mois de septembre 1308. Il y ajouta celle du Comté de Genève ; dont le Comte Guillaume lui fit hommage lige le 16 juin 1316. On sait que les vassaux étaient obligés de suivre leur Suzerain à la guerre avec leurs troupes. L’an 1317, Raymond, Baron de Meuillon, étant près de faire le voyage d’outre-mer, fit donation de sa terre, le 2 septembre au Dauphin Jean, qui en était déjà suzerain par l’hommage que son père en avait obtenu .

Le Dauphin Jean fit exécuter à la rigueur les Constitutions que le Pape Jean XXII avait publiées contre l’usure. On refusait en Dauphiné la sépulture ecclésiastique aux usuriers publics. Le Dauphin s’étant rendu à la Cour d’Avignon, mourut à son retour, le 5 mars 1319 (N.S.) au Pont de Sorgues, petite ville à une lieue d’Avignon, à l’âge de 38 ans. De Béatrix, fille de Charles Martel, roi de Hongrie, qu’il avait épousée l’an 1296, il laissa Guigues, qui suit et Humbert avec une fille nommée Catherine. La mère de ces enfants, cinq jours après la mort de son mari, entra dans l’ordre de Citeaux et devint abbesse de Val-Bessen, dignité dont elle se démit le 15 février 1340. Elle choisit alors pour sa retraite l’abbaye des Hages, d’où elle sortit dans la suite. Son fils Humbert qui s’était fait Dominicain, fonda l’an 1349, sur ce qu’il s’était réservé, un Monastère de Filles de Citeaux à Saint Just, transféré depuis à Romans. Ce fut là qu’elle mourut en 1354.

1319, GUIGUES VIII

Guigues VIII, fils aîné de Jean II, lui succéda à l’âge de neuf ans, sous la tutelle et régence de Henri de la Tour, son oncle, élu Evêque de Metz. L’an 1323, il épousa le 17 Mai, Isabelle fille du roi Philippe le Long à laquelle il avait été fiancé dès le 16 juin 1316. On raconte que le seigneur de Sassenage, l’un des vassaux du Dauphin, étant venu faire la demande de la Princesse, un maître d’hôtel du Roi, lui dit brutalement " qu’une si belle Dame n’était pas faite pour un gros cochon comme le Dauphin " injure dont l’ambassadeur vengea sur le champ son Prince en perçant de son épée le maître d’hôtel et le renversant mort à ses pieds. Le Comte de Savoie, qui se trouvait pour lors à Paris, donna retraite au meurtrier et fit sa paix avec le roi (Mizerai).

L’an 1325, Guigues se déclara pour Hugues de Genève, seigneur d’Authon, son vassal contre Edouard, Comte de Savoie qui lui faisait la guerre. Edouard les battit deux fois ; mais la même année, ils remportèrent sur lui une victoire considérable, le 9 Août, dans la plaine de Saint Jean le Vieux, devant le château de Varei dont il faisait le siège. Entre les prisonniers que fit le Dauphin, les plus distingués furent Jean de Chalon Comte d’Auxerre ; Robert de Bourgogne Comte de Tonnerre ; et Guichard sire de Beaujeux qu’il ne relâcha que longtemps après et moyennant de fortes rançons. L’an 1328, après une trêve conclue avec Edouard, par ordre du roi Philippe de Valois, Guigues, accompagné de Henri, son oncle, suivit ce Monarque en Flandres avec les troupes qu’il menait à son secours et combattit à la bataille de Montcassel, donnée le 28 Août de cette année. Henri son oncle, mourût peu de temps après son retour en Dauphiné.

Aymon, successeur d’Edouard, ayant renouvelé la guerre contre le Dauphin, Guigues alla assiéger le château de la Perrière. Il y reçut une blessure dont il mourut le lendemain, 28 juillet 1333 (1) à l’âge de 24 ans, sans laisser d’enfant de son mariage. Isabelle, sa veuve, se retira en Franche-Comté, où elle épousa en secondes noces, Jean Baron de Francognei (voyez. Edouard dit Aymon Comte de Savoie)).

1) La plupart de ceux qui ont parlé de la mort de Guigues VIII l’ont mise au 25 ou 26 du mois d’août 1333. L’inscription de son tombeau qu’on a voulu restituer et qui se lit dans l’église St André de Grenoble, au-dessus des sièges des Chanoines, s’éloigne encore davantage de la véritable date de cette mort qu’elle suppose arrivée le 30 août L’historien Villani qui paraît avoir été mieux instruit, rapporte cet événement en ces termes :" Nel anno 1333 all’uscita del messe di luglio, essendo all’assedio della Pereira, castello di Savoia, con mille cinque cente cavalieri". Mais le testament que GUIGUES fit le jour même de sa mort dans une grange où il avait été porté, ne laisse aucun doute là dessus. Il est daté de l’an 1333, dié Mercurii post festum B. Mariae Magdalenae, ce qui marque le 28 juillet (Valbonnais pr. P. 237)